Cet espace est consacré à l'histoire de Francières. Bien que d'aspect modeste, notre village compte encore des traces des siècles passés.

Cette page et ses commentaires ont été rédigés par M Michel Varoqueaux.


Légende:

marqueur jaune Période Préhistorique/Antique. marqueur orange XIXème siècle.
marqueur marron Période Moyen-Age/Renaissance. marqueur bleu XXème siècle.

Commentaires

 Hache Néolithique et Ancienne Fontaine Sacrée

Cette « Butte » (cf Plan - Repère A Jaune), en fait le rebord d’un plateau incliné, malgré l’absence de rivière proche, a toujours été habité par l’homme grâce aux multiples sources l’entourant.
Le village a été longtemps marécageux et dans les années 1960, l’eau affleurait encore le sol et il existait encore plusieurs mares. De ces sources, il en reste entre autres une « fontaine sacrée » située au sud du village, christianisée ensuite et actuellement très délabrée. De nombreux objets néolithiques ont été découverts sur le territoire, dont cette hache en pierre polie trouvée par M. Vasset, encore emmanchée.

 

 Villa Gallo-Romaine

Proche des grands sites gaulois de Gournay sur Aronde et de Montmartin, une importante villa gallo-romaine a été découverte en 1934, à la limite de Hémévillers.
Elle mesure 338 mètres de long sur 150 mètres de large. Elle n’a jamais été explorée scientifiquement.
C’était elle qui a donné le nom de lieu de Francières, ces centres agricoles étant occupés soit par des tribus franques déplacées ou par des soldats francs « retraités » de l’armée romaine (courant IIème siècle ou fin du troisième).

 Motte Féodale

La période des mottes féodales se situe entre le neuvième et le XIe siècle. Elle a été redécouverte en 1984.
A moitié arasée après 1825, elle continue à se dégrader et il en reste à peine le quart.
Elle est encore entourée sur sa moitié ouest de son fossé. Malgré les remblaiements, elle domine encore le terrain de huit mètres 50.
Les tours en bois que ces mottes supportaient mesureraient en général six à huit mètres. La surface de sa plate-forme pavée calculée, faisait environ 70 m². Sa particularité est une salle souterraine à plafond ogival avec un souterrain sud atteignant en 1984 le site du château et un départ nord vers le bois de Moreuil.

 Façade arrière du château de Francières dessinée et peinte par Léré en 1816 et Site du château de Francières en 1770

Après la motte féodale, un « vieil château » cité par des textes, devait se situer plus à l’ouest. Le deuxième château, cité en 1572, était situé grossièrement nord-sud dans le prolongement de la « maison en brique ». Il comprenait deux tours, entouré de fossés et accessible par un pont-levis. La mare du château en est le témoin. Entre 1740 et 1750, les deux tours des extrémités ont été remplacées par des ailes ( appelées pavillons). Sa façade mesurait environ 62 mètres en longueur, sa largeur au centre 13 mètres et sa hauteur 13 mètres. Léré en 1816 dit que c’était un des plus importants du Compiègnois. La maison en brique est le vestige ayant survécu à sa démolition en 1824. C’est l’avancée de son aile gauche au Nord, sur un étage et demi. Il reste aussi du château la « grange », en fait la réunion de deux écuries.

 Hameau de Fresnel

Avec le hameau du Val-Saint-Denis disparu en 1814 c’est le plus ancien « écart » du village avec quelques habitations situées près de la « barrière » d’Estrées-Saint-Denis et suivi beaucoup plus tard par celui de la sucrerie. Fresnel est situé au carrefour des voies antiques Nord-Sud et Est- Ouest. C’était un fief dépendant de la seigneurie de Francières, connu déjà en 1150 et dont les possesseurs furent souvent des « Francière ». Au XVIIIe siècle, son seigneur devint la famille Dauger qui vendit une partie de ses terres à la sucrerie à partir de 1829.
Même si en 1770 est encore signalé au centre de ses murs un petit manoir, Fresnel a surtout été une exploitation agricole mise en fermage ( ce fut la sucrerie en dernier l’utilisant en plus en logements ouvriers). Il en reste le beau porche d’entrée datant du XVIIe siècle.
Le domaine a été vendu en 1979 et les bâtiments agricoles de l’intérieur ont été réhabilités avec goût en habitations privées. A l’extérieur de ses murs, une famille descendante des Dauger il y a recréé une exploitation agricole.

 Eglise St Michel

L’église dédiée à Saint-Michel, date de 1550, la première pierre tombale et de 1551.
Elle a remplacé comme église paroissiale l’église primitive Notre-Dame située à l’emplacement de la salle polyvalente actuelle, en bordure du cimetière de l’époque fermé en 1846 et fondée entre l’an 800 et l’an 1000. Cette église devint chapelle St Prix et chapelle St Sauveur, lieu de pèlerinages et fut détruite en 1799.

Saint-Michel a été fondée sur une partie du terrain appartenant au prieuré rural clunisien Saint Arnout fondé en 1100, déserté en 1350 mais survivant par les offices célébrés à l’église ce qui explique la hauteur décalée du chœur. Le clocher actuel date de 1753.
La cloche a été refondue en 1955 avec celle de 1774 et une de 1710 ( de ND ?).
Les vitraux du XVIe siècle sont classés ainsi que la contremarche de l’autel.
Chaire et stalles sont du XVIIIe siècle.
Les cinq dalles funéraires, primitivement situées dans le chœur datent de 1551 à 1670. Les seigneurs précédents étaient inhumés à l’abbaye d’Ourscamp.
Ses combles servirent durant la Résistance de caches d’armes et d’abri de clandestins.

 Ecole-Presbytère, en partie XVIème siècle, façade de 1836

C’est en 1581 que le curé quitte sa maison près de l’ancienne église Notre-Dame pour gagner le nouveau presbytère construit à l’actuel 20 rue de l’Eglise dans la foulée de l’église Notre-Dame. C’était un bâtiment construit à l’époque en équerre et la partie située au 2 impasse Fumechon était la partie « agricole » du presbytère. ( avant la révolution, les curés vivaient des revenus des terres apportées en donation et de dons en céréales et autres produits. Lors de leur première prise de fonction, ils choisissaient le lieu le plus rentable !). A la Révolution, le curé titulaire est mort en déportation puis le dernier curé « jureur » démissionna en 1793.
En 1802, le maire Thirial racheta l’ensemble pour le sauver avant de le rétrocéder plus tard la commune. Il fit bâtir dans la cour un bâtiment à usage d’école, ce jusqu’en 1810. La mairie, après avoir quitté l’ancienne école presbytérale d’avant la Révolution (à l’emplacement du numéro 11, au milieu de la rue), s’installa en 1795 dans le logis vide d’occupant. En 1820, au retour des prêtres, un bâtiment agricole côté place fut transformé en maison, celle du 20 rue de l’Eglise abritant école et mairie. En 1838, les petits bâtiments de la cour sont arasés et le bâtiment principal avancé de 2 mètres 50 sur ce qui était encore la place du village en haut de la rue de l’Eglise.
Après le transfert de l’école et de la mairie au bas de la rue en 1858, l’ensemble redevint presbytère jusqu’en 1947.
Y sont conservés des fonts baptismaux provenant soit de Saint-Michel soit de Saint-Sauveur, déménagés durant la période révolutionnaire et le socle du calvaire jadis situé au centre de la place de l’église et portant l’inscription 1661.

 Mairie-Ecole actuelle

A partir de 1879, la nécessité de créer une école plus grande se fit sentir. C’est en 1886 que l’actuelle école fut ouverte, sur une partie de l’ancien cimetière. Ce devait être l’école des filles ( les garçons restant à l’ancienne école du carrefour) et le projet était de la doubler en symétrie, en prolongement gauche de sa façade actuelle pour les garçons. Projet abandonné. Lors de l’ouverture, on décida d’en faire l’école de garçons.
Dans les devis de travaux, la municipalité avait « glissé » la salle de la mairie. Supercherie découverte et remboursement effectué, la mairie s’y installa définitivement. L’instituteur était logé à l’étage. En 1933, la mixité, appelée « gémination » fut acceptée et les filles gagnèrent cette nouvelle école, la « petite » devenant maternelle.
Dans les années 1970, dans le cadre du regroupement scolaire et avec la construction de nouveaux bâtiments, elle est devenue la « maternelle » du regroupement.

 Sucrerie de Francières

Créée en 1829 à l’écart du village au bord de la route royale 17, elle s’est progressivement agrandie sans destruction des bâtiments précédents et un hameau s’est créé auprès d’elle.
Elle a fait vivre le pays jusqu’à sa fermeture en 1969.
Même vandalisée, elle n’a jamais été détruite ou reconstruite et est unique en Europe comme témoin des évolutions technologiques et des changements sociaux qu’elle a instaurés. Elle a été inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques en 1999 et, sous l’impulsion de l’Association pour la Sauvegarde de la Sucrerie de Francières, un centre de mémoire de l’industrie sucrière ainsi qu’un pôle sur l’avenir des agro-ressources sont programmés. Une première tranche de travaux doit débuter en 2010.

 Le Monument Plessier

Cette croix commémorative située à l’angle du bois d’Hémévillers marque l’endroit du combat du deux septembre 1944 entre une cinquantaine de FFI commandés par le curé du village l’abbé Le Pévédic, chef de la Résistance Centre-Oise et une douzaine de soldats allemands. Les Américains étaient arrivés la veille sur la N 17 et avaient chargé les Français de nettoyer les environs. Au cours de ce combat, quatre soldats allemands furent tués et un blessé se rendra le lendemain. Du côté français, Maurice Plessier y laissa la vie et un de ses compagnons fut blessé.
Durant cette guerre 39-45, le village n’a été occupé brièvement qu’en 1940 et en août 44 mais soumis à des patrouilles permanentes. Par contre le hameau de la sucrerie a souffert des mitraillages et les bombardements à partir de 1942.
Non loin de là, on voit un mur du parc du château percé de meurtrières en 1918. Durant la Grande guerre, Francières a été occupé en 1914 puis est resté longtemps à la limite du front en zone de guerre et a servi de lieu de repos et d’entraînement pour les troupes. Lors de l’offensive allemande du printemps 1918, son avance ultime a été une patrouille arrêtée à l’angle de la sucrerie. Francières et les villages voisins ont été décorés de la croix de guerre dans une citation collective en décembre 1924.
Sur son monument aux morts sont inscrits 19 noms pour la guerre de 14-18 (plus un 20° figurant sur le monument de son village de naissance dans le Nord) Et 6 pour le conflit 39-45.

Armoiries de la famille de Francière

La Seigneurie est déjà citée en 1150.
Elle a possédé jusqu’à 39 fiefs et 27 arrières-fiefs, débordant largement notre région.
Les premiers seigneurs Francière furent écuyers ou chevaliers. Les Belloy (par mariage en 1584) ont compté marquis, comtes, barons (sans que la terre ait jamais été érigée) ainsi qu’un gouverneur de Compiègne et un autre capitaine de la ville. La seigneurerie fut vendue en 1752 à Nicolas Bonaventure Verzure, secrétaire du roi. On lui doit le clocher actuel de l’église ainsi que ses stalles et sa chaire. Sa fille épousa Claude Louis Charles Destutt de Tracy. Puis leur fils Antoine Louis Claude, adjoint de Lafayette, sénateur, pair de France, académicien, fit démolir le château en 1824. Son propre gendre, fils benjamin du général La Fayette vendit en 1850 les terres et les maisons, ce qui permit de récupérer la place de l’église et le chemin descendant vers Fresnel.